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CORRESPONDANCE

1984. À SA NIÈCE CAROLINE.
Jeudi, 4 heures, 22 avril 1880.

As-tu lu enfin Boule de Suif ? Mme Brainne m’en a écrit l’éloge — ô revirements ! — et elle viendra à Rouen, mardi prochain, pour la Saint-Polycarpe. Ma bonne y est conviée, ce qui me paraît la flatter beaucoup.

Samedi prochain, dans l’après-midi, j’aurai la visite d’adieu de Jules Lemaître, nommé professeur de littérature à Alger [.....].

Bouvard et Pécuchet ont avancé cette semaine. Quand j’arriverai à Paris, je n’aurai plus que les deux scènes finales. L’idée de quitter Croisset m’embête de plus en plus, tant je redoute 1o  la banalité du chemin de fer ; 2o  le tapage des voitures, etc., etc. ! et toutes les bêtises que je vais entendre ! Sans blague aucune, je me sens profondément ours des cavernes, et l’Humanité me dégoûte, depuis les illustrations de la Vie Moderne jusqu’aux pétitions des pères de famille en faveur de ces excellents jésuites !

Tu ne me dis rien de la pièce de Mme Régnier[1]. Le divin Sarcey ne m’en a pas l’air enthousiaste.

J’attends ton mari d’un moment à l’autre.

Et une bonne (c’est-à-dire longue) lettre de mon Caro, très prochainement.

Deux forts bécots.

Nounou.


  1. Les Folies de Valentine.