Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bronze, ou bien velus, lippus, avec des crinières et des défenses contournées. Des troupeaux de mammouths broutaient les plaines où fut depuis l’Atlantique ; le paléothérium, moitié cheval, moitié tapir, bouleversait de son groin les fourmilières de Montmartre, et le cervus giganteus tremblait sous les châtaigniers à la voix de l’ours des cavernes, qui faisait japper dans sa tanière le chien de Beaugency, trois fois haut comme un loup.

Toutes ces époques avaient été séparées les unes des autres par des cataclysmes, dont le dernier était notre déluge. C’était comme une féerie en plusieurs actes, ayant l’homme pour apothéose.

Ils furent stupéfaits d’apprendre qu’il existait sur des pierres des empreintes de libellules, de pattes d’oiseaux ; et, ayant feuilleté un des manuels Roret, ils cherchèrent des fossiles.

Un après-midi, comme ils retournaient des silex au milieu de la grande route, M. le curé passa, et, les abordant d’une voix pateline :

— Ces messieurs s’occupent de géologie ? Fort bien.

Car il estimait cette science. Elle confirme l’autorité des Écritures en prouvant le déluge.

Bouvard parla des coprolithes, lesquels sont des excréments de bêtes, pétrifiés.

L’abbé Jeufroy parut surpris du fait ; après tout, s’il avait lieu, c’était une raison de plus d’admirer la Providence.

Pécuchet avoua que leurs enquêtes jusqu’alors n’avaient pas été fructueuses ; et cependant les environs de Falaise, comme tous les terrains jurassiques, devaient abonder en débris d’animaux.

— J’ai entendu dire, répliqua l’abbé Jeufroy,