— N’importe ! mets-la !
Il reparut avec elle et un Molière.
Le commencement fut médiocre. Mais Tartufe venant à caresser les genoux d’Elmire, Pécuchet prit un ton de gendarme.
— Que fait là votre main ?
Bouvard, bien vite, répliqua d’une voix sucrée :
— Je tâte votre habit, l’étoffe en est moelleuse.
Et il dardait ses prunelles, tendait la bouche, reniflait, avait un air extrêmement lubrique, finit même par s’adresser à Mme Bordin.
Les regards de cet homme la gênaient, et quand il s’arrêta, humble et palpitant, elle cherchait presque une réponse.
Pécuchet eut recours au livre :
— La déclaration est tout à fait galante.
— Ah ! oui, s’écria-t-elle, c’est un fier enjôleur.
— N’est-ce pas ? reprit fièrement Bouvard. Mais en voilà une autre, d’un chic plus moderne.
Et, ayant défait sa redingote, il s’accroupit sur un moellon, et déclama, la tête renversée :
Des flammes de tes yeux inonde ma paupière.
Chante-moi quelque chant, comme parfois, le soir,
Tu m’en chantais, avec des pleurs dans ton œil noir.
« Ça me ressemble », pensa-t-elle.
Soyons heureux ! buvons ! car la coupe est remplie,
Car cette heure est à nous et le reste est folie !
— Comme vous êtes drôle !
Et elle riait d’un petit rire, qui lui remontait la gorge et découvrait ses dents.
D’aimer, et de savoir qu’on vous aime à genoux ?