Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/179

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entre les mots, que vous avez… aimé… autrefois.

— Autrefois, seulement vous croyez !

Elle s’arrêta.

— Je n’en sais rien !

« Que veut-elle dire ? »

Et Bouvard sentait battre son cœur.

Une flaque au milieu du sable, obligeant à un détour, les fit monter sous la charmille.

Alors ils causèrent de la représentation.

Comment s’appelle votre dernier morceau ?

— C’est tiré de Hernani, un drame.

— Ah !

Puis lentement, et se parlant à elle-même :

— Ce doit être bien agréable, un monsieur qui vous dit des choses pareilles, pour tout de bon.

— Je suis à vos ordres, répondit Bouvard.

— Vous ?

— Oui ! moi !

— Quelle plaisanterie !

— Pas le moins du monde !

Et ayant jeté un regard autour d’eux, il la prit à la ceinture, par derrière, et la baisa sur la nuque, fortement.

Elle devint très pâle comme si elle allait s’évanouir, et s’appuya d’une main contre un arbre ; puis, ouvrit les paupières, et secoua la tête.

— C’est passé.

Il la regardait, avec ébahissement.

La grille ouverte, elle monta sur le seuil de la petite porte. Une rigole coulait de l’autre côté. Elle ramassa tous les plis de sa jupe, et se tenait au bord, indécise :

— Voulez-vous mon aide ?