Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/242

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d’hésitations, confessa qu’il venait de se découvrir une maladie secrète.

— Toi ?

— Moi-même !

— Ah ! mon pauvre garçon ! qui te l’a donnée !

Il devint encore plus rouge, et dit d’une voix encore plus basse :

— Ce ne peut être que Mélie !

Bouvard en demeura stupéfait.

La première chose était de renvoyer la jeune personne.

Elle protesta d’un air candide.

Le cas de Pécuchet était grave, pourtant ; mais, honteux de sa turpitude, il n’osait voir le médecin.

Bouvard imagina de recourir à Barberou.

Ils lui adressèrent le détail de la maladie, pour le montrer à un docteur qui la soignerait par correspondance. Barberou y mit du zèle, persuadé qu’elle concernait Bouvard, et l’appela vieux roquentin, tout en le félicitant.

— À mon âge ! disait Pécuchet, n’est-ce pas lugubre ! Mais pourquoi m’a-t-elle fait ça ?

— Tu lui plaisais.

— Elle aurait dû me prévenir.

— Est-ce que la passion raisonne !

Et Bouvard se plaignait de Mme Bordin.

Souvent, il l’avait surprise arrêtée devant les Écalles, dans la compagnie de Marescot, en conférence avec Germaine, tant de manœuvres pour un peu de terre !

— Elle est avare ! Voilà l’explication !

Ils ruminaient ainsi leurs mécomptes, dans la petite salle, au coin du feu.