Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/245

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ils replantèrent une poutrelle des contre-espaliers, Pécuchet gravit jusqu’au haut. Bouvard glissait, retombait toujours, finalement, y renonça.

Les « bâtons orthosométiques » lui plurent davantage, c’est-à-dire deux manches à balai reliés par deux cordes, dont la première se passe sous les aisselles, la seconde sur les poignets ; et pendant des heures, il gardait cet appareil, le menton levé, la poitrine en avant, les coudes le long du corps.

À défaut d’haltères, le charron tourna quatre morceaux de frêne, qui ressemblaient à des pains de sucre se terminant en goulot de bouteille. On doit porter ces massues à droite, à gauche, par devant, par derrière ; mais trop lourdes, elles échappaient de leurs doigts, au risque de leur broyer les jambes. N’importe, ils s’acharnèrent aux « mils persanes » et même craignant qu’elles n’éclatassent, tous les soirs ils les frottaient avec de la cire et un morceau de drap.

Ensuite, ils recherchèrent des fossés. Quand ils en avaient trouvé un à leur convenance, ils appuyaient au milieu une longue perche, s’élançaient du pied gauche, atteignaient l’autre bord, puis recommençaient. La campagne étant plate, on les apercevait au loin ; et les villageois se demandaient quelles étaient ces deux choses extraordinaires, bondissant à l’horizon.

L’automne venu, ils se mirent à la gymnastique de chambre ; elle les ennuya. Que n’avaient-ils le trémoussoir ou fauteuil de poste, imaginé sous Louis XIV par l’abbé de Saint-Pierre. Comment était-ce construit, où se renseigner ? Dumouchel ne daigna pas même leur répondre.