Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/278

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et Bouvard et Pécuchet se décidèrent pour elle.

Le but de la psychologie est d’étudier les faits qui se passent « au sein du moi » ; on les découvre en observant.

— Observons !

Et pendant quinze jours, après le déjeuner, habituellement, ils cherchaient dans leur conscience, au hasard, espérant y faire de grandes découvertes, et n’en firent aucune, ce qui les étonna beaucoup.

Un phénomène occupe le moi, à savoir l’idée. De quelle nature est-elle ? On a supposé que les objets se mirent dans le cerveau et le cerveau envoie ces images à notre esprit, qui nous en donne la connaissance.

Mais si l’idée est spirituelle, comment représenter la matière ? De là, scepticisme quant aux perceptions externes. Si elle est matérielle, les objets spirituels ne seraient pas représentés ? De là, scepticisme en fait de notions internes.

D’ailleurs qu’on y prenne garde ! cette hypothèse nous mènerait à l’athéisme.

Car une image étant une chose finie, il lui est impossible de représenter l’infini.

— Cependant, objecta Bouvard, quand je songe à une forêt, à une personne, à un chien, je vois cette forêt, cette personne, ce chien. Donc les idées les représentent.

Et ils abordèrent l’origine des idées.

D’après Locke, il y en a deux, la sensation, la réflexion, et Condillac réduit tout à la sensation.

Mais alors, la réflexion manquera de base. Elle