Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

hanches ; ainsi Virgile conseille de se mettre nu pour labourer, et cet écrivain n’eût pas donné un précepte contraire à la pudeur ! Ézéchiel dévorant un livre n’a rien d’extraordinaire ; ne dit-on pas dévorer une brochure, un journal ?

Mais si l’on voit partout des métaphores, que deviendront les faits ? L’abbé soutenait, cependant, qu’ils étaient réels.

Cette manière de les entendre parut déloyale à Pécuchet. Il poussa plus loin ses recherches et apporta une note sur les contradictions de la Bible.

L’Exode nous apprend que pendant quarante ans on fit des sacrifices dans le désert, on n’en fit aucun suivant Amos et Jérémie. Les Paralipomènes et le livre d’Esdras ne sont point d’accord sur le dénombrement du peuple. Dans le Deutéronome, Moïse voit le Seigneur face à face ; d’après l’Exode, jamais il ne put le voir. Où est alors l’inspiration ?

— Motif de plus pour l’admettre, répliquait en souriant M. Jeufroy. Les imposteurs ont besoin de connivence, les sincères n’y prennent garde ! Dans l’embarras recourons à l’Église. Elle est toujours infaillible.

De qui relève l’infaillibilité ?

Les conciles de Bâle et de Constance l’attribuent aux conciles. Mais souvent les conciles diffèrent, témoin ce qui se passa pour Athanase et pour Arius ; ceux de Florence et de Latran, la décernent au pape. Mais Adrien VI déclare que le pape, comme un autre, peut se tromper.

Chicanes ! Tout cela ne fait rien à la permanence du dogme.

L’ouvrage de Louis Hervieu en signale les variations :