Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/343

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Tout cela serait conté à M. de Faverges, et peut-être qu’une rupture s’ensuivrait. Tant pis. Ils se sentaient méprisés par ces nobles. On ne les invitait jamais à dîner, et ils étaient las de Mme de Noares, avec ses continuelles remontrances.

Ils ne pouvaient cependant garder le De Maistre, et, une quinzaine après, ils retournèrent au château, croyant n’être pas reçus.

Ils le furent.

Toute la famille se trouvait dans le boudoir, Hurel y compris, et par extraordinaire, Foureau.

La correction n’avait point corrigé Victor. Il refusait d’apprendre son catéchisme, et Victorine proférait des mots sales. Bref, le garçon irait aux Jeunes Détenus, la petite fille dans un couvent.

Foureau s’était chargé des démarches, et il s’en allait quand la comtesse le rappela.

On attendait M. Jeufroy pour fixer ensemble la date du mariage, qui aurait lieu à la mairie bien avant de se faire à l’église, afin de montrer que l’on honnissait le mariage civil.

Foureau tâcha de le défendre. Le comte et Hurel l’attaquèrent. Qu’était une fonction municipale près d’un sacerdoce ! et le baron ne se fût pas cru marié s’il l’eût été seulement devant une écharpe tricolore.

— Bravo ! dit M. Jeufroy, qui entrait. Le mariage étant établi par Jésus…

Pécuchet l’arrêta :

— Dans quel évangile ! Aux temps apostoliques on le considérait si peu, que Tertullien le compare à l’adultère.

— Ah ! par exemple !

— Mais oui ! et ce n’est pas un sacrement ! Il