Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/396

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Bouvard voit l’avenir de l’Humanité en beau. L’Homme moderne est en progrès.

L’Europe sera régénérée par l’Asie. La loi historique étant que la civilisation aille d’Orient en Occident, — rôle de la Chine, — les deux humanités enfin seront fondues.

Inventions futures : manières de voyager. Ballon. — Bateaux sous-marins avec vitres, par un calme constant, l’agitation de la mer n’étant qu’à la surface. — On verra passer les poissons et les paysages au fond de l’Océan. — Animaux domptés. — Toutes les cultures.

Avenir de la littérature (contre-partie de littérature industrielle). Sciences futures. — Régler la force magnétique.

Paris deviendra un jardin d’hiver ; — espaliers à fruits sur le boulevard. La Seine filtrée et chaude, — abondance de pierres précieuses factices, — prodigalité de la dorure, — éclairage des maisons — on emmaganisera la lumière, car il y a des corps qui ont cette propriété, comme le sucre, la chair de certains mollusques et le phosphore de Bologne. On sera tenu de faire badigeonner les façades des maisons avec la substance phosphorescente, et leur radiation éclairera les rues.

Disparition du mal par la disparition du besoin. La philosophie sera une religion.

Communion de tous les peuples. Fêtes publiques.

On ira dans les astres, — et quand la terre sera usée, l’Humanité déménagera vers les étoiles.

À peine a-t-il fini que les gendarmes apparaissent. — Entrée des gendarmes.

À leur vue, effroi des enfants, par l’effet de leurs vagues souvenirs.

Désolation de Marcel.

Émoi de Bouvard et Pécuchet. — Veut-on arrêter Victor ?

Les gendarmes exhibent un mandat d’amener.

C’est la conférence qui est en cause. On les accuse d’avoir attenté à la religion, à l’ordre, excité à la révolte, etc.

Arrivée soudaine de M. et Mme Dumouchel, avec leurs bagages ; ils viennent prendre les bains de mer. Dumouchel n’est pas changé, Madame porte des lunettes et compose des fables. — Leur ahurissement.

Le maire, sachant que les gendarmes sont chez Bouvard et Pécuchet, arrive, encouragé par leur présence.

Gorju, voyant que l’autorité et l’opinion publique sont contre eux, a voulu en profiter et escorte Foureau. Supposant Bouvard le plus riche des deux, il l’accuse d’avoir autrefois débauché Mélie.

« Moi, jamais ! »

Et Pécuchet tremble.