Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/85

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— Pas assez !

Et il reprenait sa gymnastique.

Elle avait duré trois heures, quand une fois encore il empoigna le tube.

— Comment ! douze degrés ! Ah ! bonsoir ! je me retire !

Un chien entra, moitié dogue, moitié braque, le poil jaune, galeux, la langue pendante.

Que faire ? pas de sonnettes ! et leur domestique était sourde. Ils grelottaient, mais n’osaient bouger, dans la peur d’être mordus.

Pécuchet crut habile de lancer des menaces, en roulant des yeux.

Alors le chien aboya ; et il sautait autour de la balance, où Pécuchet, se cramponnant aux cordes et pliant les genoux, tâchait de s’élever le plus haut possible.

— Tu t’y prends mal, dit Bouvard.

Et il se mit à faire des risettes au chien en proférant des douceurs.

Le chien, sans doute, les comprit. Il s’efforçait de le caresser, lui collait ses pattes sur les épaules, les éraflait avec ses ongles.

— Allons ! maintenant ! voilà qu’il a emporté ma culotte !

Il se coucha dessus et demeura tranquille.

Enfin, avec les plus grandes précautions, ils se hasardèrent, l’un à descendre du plateau, l’autre à sortir de la baignoire ; et quand Pécuchet fut rhabillé, cette exclamation lui échappa :

— Toi, mon bonhomme, tu serviras à nos expériences.

Quelles expériences ?

On pouvait lui injecter du phosphore, puis