II
e père de Charles Deslauriers, ancien capitaine
de ligne, démissionnaire en 1818, était
revenu se marier à Nogent, et, avec l’argent
de la dot, avait acheté une charge d’huissier, suffisant
à peine pour le faire vivre. Aigri par de
longues injustices, souffrant de ses vieilles blessures,
et toujours regrettant l’Empereur, il dégorgeait
sur son entourage les colères qui l’étouffaient.
Peu d’enfants furent plus battus que son fils. Le
gamin ne cédait pas, malgré les coups. Sa mère,
quand elle tâchait de s’interposer, était rudoyée
comme lui. Enfin, le Capitaine le plaça dans son
étude, et tout le long du jour, il le tenait courbé
sur son pupitre à copier des actes, ce qui lui
rendit l’épaule droite visiblement plus forte que l’autre.
En 1833, d’après l’invitation de M. le président, le Capitaine vendit son étude. Sa femme mourut d’un cancer. Il alla vivre à Dijon ; ensuite il s’établit marchand d’hommes3 à Troyes ; et, ayant obtenu pour Charles une demi-bourse, le mit au collège de Sens, où Frédéric le reconnut. Mais