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du 12 mai. Les débats commencèrent le 27 juin et se terminèrent le 12 juillet. Barbès, accusé d’avoir assassiné le lieutenant Drouineau, avec préméditation et guet-apens, repoussa énergiquement la responsabilité de ce meurtre. Il n’en fut pas moins condamné à la peine de mort ; Martin Bernard à la déportation ; Mialon aux travaux forcés à perpétuité pour avoir tué un brigadier de la garde municipale ; Delsade et Auster à quinze années de détention ; les autres, sauf quatre qui furent acquittés, à des peines variant de six années de détention à deux ans de prison.

« La condamnation de Barbès parut excessive, parce que l’accusation n’avait pu prouver qu’il fût le véritable assassin de l’officier Drouineau. Le jour même où fut prononcé le verdict, les écoles s’agitèrent et firent une manifestation en faveur d’une commutation de peine. Victor Hugo en appela à la clémence royale dans cette strophe éloquente où il fit une touchante allusion à la mort récente de la princesse Marie, décédée en janvier 1839, et à la naissance du comte de Paris :

Par votre ange envolée ainsi qu’une colombe,
Par ce royal enfant, doux et frêle roseau !
Grâce, encore une fois ! Grâce au nom de la tombe !
Grâce au nom du berceau !

« Mme  Carl, sœur de Barbès, vint se jeter aux pieds de Louis-Philippe, qui lui promit une commutation. Ce fut en vain que les ministres voulurent le faire revenir sur sa parole : « J’ai promis à la sœur, dit-il, le frère ne peut mourir » ; et, plus humain que ses conseillers, il usa de son droit de grâce en commuant la peine de Barbès en celle de la prison perpétuelle. » (Jules Trousset, Histoire d’un siècle, t. VIII, p. 216, 217, 218, 219 et 220.)

P. 332. Alibaud. — Alibaud (1810-1836) tira un coup de fusil sur Louis-Philippe au Pont-Royal, le 25 juin 1836. Il fut condamné à mort par la Chambre des pairs le 3 juillet, et exécuté le 11.

P. 333. Rue Transnonain. — Le 13 avril 1834, à la nouvelle du soulèvement de Lyon, les républicains avaient organisé une émeute à Paris. Elle fut promptement réprimée, dès le matin du 14, par le général Bugeaud. « Un terrible massacre marqua la fin du soulèvement. Un officier, qu’on transportait blessé, ayant été atteint de nouveau d’un coup de feu tiré des fenêtres du numéro 12, rue Transnonain, ses soldats se ruèrent dans la maison et tuèrent tous les habitants, les femmes même et les enfants. » (Albert Malet, Histoire contemporaine, p. 334.)

Le sanglant souvenir de la rue Transnonain fut évoqué souvent par l’opposition républicaine sous le règne de Louis-Philippe.