Frédéric l’interrompit, en lui disant, de l’air le plus naturel qu’il put :
— « Arnoux va bien ? »
La réponse fut longue à venir, Regimbart se gargarisait avec son liquide.
— « Oui, pas mal ! »
— « Où demeure-t-il donc, maintenant ? »
— « Mais… rue Paradis-Poissonnière », répondit le Citoyen étonné.
— « Quel numéro ? »
— « Trente-sept, parbleu, vous êtes drôle ! »
Frédéric se leva :
— « Comment, vous partez ? »
— « Oui, oui, j’ai une course, une affaire que j’oubliais ! Adieu ! »
Frédéric alla de l’estaminet chez Arnoux, comme soulevé par un vent tiède et avec l’aisance extraordinaire que l’on éprouve dans les songes.
Il se trouva bientôt à un second étage, devant une porte dont la sonnette retentissait ; une servante parut ; une seconde porte s’ouvrit, Mme Arnoux était assise près du feu. Arnoux fit un bond et l’embrasse. Elle avait sur ses genoux un petit garçon de trois ans, à peu près ; sa fille, grande comme elle maintenant, se tenait debout, de l’autre côté de la cheminée.
— « Permettez-moi de vous présenter ce monsieur-là », dit Arnoux, en prenant son fils par les aisselles.
Et il s’amusa quelques minutes à le faire sauter en l’air, très haut, pour le recevoir au bout de ses bras.
— « Tu vas le tuer ! ah ! mon Dieu ! finis donc ! » s’écriait Mme Arnoux.
Mais Arnoux, jurant qu’il n’y avait pas de danger, continuait, et même zézéyait des caresses en patois marseillais, son langage natal. — « Ah ! brave pichoûn, mon poulit rossignolet ! ! » Puis il demanda à Frédéric pourquoi il avait été si longtemps sans leur é