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Page:Flaubert - L’Éducation sentimentale (1891).djvu/226

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taurant. Puis il entendit un acte au Vaudeville, pour se distraire. Mais ses billets de banque le gênaient, comme s’il les eût volés. Il n’aurait pas été chagrin de les perdre.

En rentrant chez lui, il trouva une lettre contenant ces mots :

« Quoi de neuf ?

» Ma femme se joint à moi, cher ami, dans l’espérance, etc.

» À vous, »

Et un parafe.

— « Sa femme ! elle me prie ! »

Au même moment, parut Arnoux, pour savoir s’il avait trouvé la somme urgente.

— « Tenez, la voilà ! » dit Frédéric.

Et, vingt-quatre heures après, il répondit à Deslauriers :

— « Je n’ai rien reçu. »

L’Avocat revint trois jours de suite. Il le pressait d’écrire au notaire. Il offrit même de faire le voyage du Havre.

— « Non c’est inutile je vais y aller ! »

La semaine finie, Frédéric demanda timidement au sieur Arnoux ses quinze mille francs.

Arnoux le remit au lendemain, puis au surlendemain. Frédéric se risquait dehors à la nuit close, craignant d’être surpris par Deslauriers.

Un soir, quelqu’un le heurta au coin de la Madeleine. C’était lui.

— « Je vais les chercher », dit-il.

Et Deslauriers J’accompagna jusqu’à la porte d’une maison, dans le faubourg Poissonnière.

— « Attends-moi. »

Il attendit. Enfin, après quarante-trois minutes, Frédéric sortit avec Arnoux, et lui fit signe de patienter