— « Ah ! la Révolution ! Quel art ! Jamais il n’y a eu d’époque plus pitoyable ! »
— « Pas de plus grande, monsieur. »
Pellerin se croisa les bras, et, le regardant en face :
— « Vous m’avez l’air d’un fameux garde national ! »
Son antagoniste, habitué aux discussions, répondit :
— « Je n’en suis pas ! et je la déteste autant que vous Mais, avec des principes pareils, on corrompt les foules Ça fait le compte du Gouvernement, du reste ! il ne serait pas si fort sans la complicité d’un tas de farceurs comme celui-là. »
Le peintre prit la défense du marchand, car les opinions de Sénécal l’exaspéraient. Il osa même soutenir que Jacques Arnoux était un véritable cœur d’or, dévoué à ses amis, chérissant sa femme.
— « Oh ! oh ! si on lui offrait une bonne somme, il ne la refuserait pas pour servir de modèle. »
Frédéric devint blême.
— « Il vous a donc fait bien du tort, monsieur ? »
— « À moi ? non ! Je l’ai vu, une fois, au café, avec un ami. Voilà tout. »
Sénécal disait vrai. Mais il se trouvait agacé, quotidiennement, par les réclames de l’Art industriel. Arnoux était, pour lui, le représentant d’un monde qu’il jugeait funeste à la démocratie. Républicain austère, il suspectait de corruption toutes les élégances, n’ayant d’ailleurs aucun besoin, et étant d’une probité inflexible.
La conversation eut peine à reprendre. Le peintre se rappela bientôt son rendez-vous, le répétiteur ses élèves ; et, quand ils furent sortis, après un long silence, Deslauriers fit différentes questions sur Arnoux.
— « Tu m’y présenteras plus tard, n’est-ce pas, mon vieux ? »
— « Certainement », dit Frédéric.
Puis ils avisèrent à leur installation. Deslauriers avait obtenu, sans peine, une place de second clerc chez un