Me voilà pleine jusqu’à la gorge ! — La peau du ventre me crève. Mais j’ai toujours faim, j’ai toujours soif ! Imagine quelque chose qui soit en dehors des nourritures et même de la création !
J’ai pourtant ravagé la terre, percé les montagnes, égorgé les animaux, abattu les forêts et vendu tout ce qu’il y avait à vendre : le corps et l’âme, les pleurs et le rire, le baiser, l’idée ! Oh ! si je pouvais attraper les rayons du soleil pour les fondre en pièces d’or !
Frotte-moi, ô Père, avec un vinaigre distillé par la Haine. Car je tombe de langueur au sourire de la Luxure, ou bien aux séductions de l’Avarice. Que je casse ! que je broie ! que je tue ! Il me semble que j’ai l’Océan dans ma poitrine. Des fureurs s’y entre-choquent, et je frémis comme la falaise au battement des marées.
Sur un mol édredon… au souffle d’une brise… en bateau… ne faisant rien… hâh… hâh !
Elle s’endort.