Page:Flaubert - La Première Tentation de Saint Antoine, éd. Bertrand, 1908.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
première version
LA COURTISANE

Dépêche-toi, Lampito ! il faut partir, avant même que les matelots ne soient éveillés !

La femme à genoux sanglote et l’autre femme reprend :

As-tu mis l’onguent de Délos dans les boîtes de plomb, et mes sandales de Patara dans le sachet à poudre d’iris ?

LAMPITO

Oui, maîtresse ! voici encore la lysimachia pour les cheveux, les pattes de mouches pour les sourcils, les racines d’acanthe pour le visage.

LA COURTISANE

Cache au fond, sous mes robes de Sybaris, les planchettes de sapin qui resserrent la taille, n’oublie pas le calcul d’onagre que m’a vendu le mage, ni l’ecbolada d’Égypte qui prévient les accouchements.

LAMPITO

Ah ! maîtresse, je ne te reverrai donc plus.

Elle pleure.
Saint Antoine se voit lui-même, voit un autre saint Antoine dans la rue, devant la maison de la Courtisane.