Quelle tristesse ! Oh ! comme la nuit est froide ! Je sens peser sur mon âme des linceuls mouillés ! J’ai la mort dans le ventre !
Une… deux… trois !… une, deux !… une, deux !
D’où vient que je fais ce que je fais ? que je suis ce que je suis ? j’aurais pu être autre chose ! Si j’étais né un autre homme j’aurais eu alors une autre vie, et je n’aurais même rien connu de la mienne ! Si j’étais arbre, par exemple, je porterais des fruits, j’aurais un feuillage, des oiseaux, je serais vert !
Pourquoi n’est-ce pas le cochon qui est moi, pourquoi ne suis-je pas lui ?
… Oh ! comme je souffre ! je me déteste ! Si je pouvais, je m’étoufferais !
Je m’assomme moi-même ! j’aimerais mieux me voir réduit en jambons et pendu par les jarrets aux crocs des charcutiers !