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III[1]

LES POÈTES ET LES BALADINS

Ohé ! ohé !…

Nous nous tenons en équilibre au milieu des airs. Nous vagabondons par les chemins, nous nous précipitons la tête en bas, pour amuser ceux qui nous regardent !… Quelque chose nous pousse à faire ce métier !

Nous avalons des lames tranchantes, nous mettons sur nous des fardeaux qui nous écrasent, nous vivons avec des choses dangereuses.

Il a fallu du temps pour aller dans les pays éloignés chercher les bêtes féroces, et de la force, pour les vaincre, et de la ruse, croyez-nous, pour assouplir leurs bonds aux cadences de la musique, pour les faire rugir à volonté et se traîner sur le

ventre.

  1. Pages 292 et suiv. du manuscrit de 1849.