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Page:Flaubert - Le Candidat.djvu/48

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Rousselin.

Dieu merci, on ne se courbe plus devant les seigneurs, comme autrefois !

Bouvigny.

En effet, votre grand-père a été domestique dans ma maison !

Rousselin.

Ah ! vous voulez me déshonorer ? Sortez, monsieur ! La considération est aujourd’hui un privilège tout personnel. La mienne se trouve au-dessus de vos calomnies ! Ne serait-ce que ces notables qui sont venus tout à l’heure m’offrir la candidature…

Bouvigny.

On aurait pu me l’offrir aussi, à moi ! et je l’ai, je l’aurais refusée par égard pour vous. Mais devant une pareille indélicatesse, après la déclaration de vos principes, et du moment que vous êtes un démocrate, un suppôt de l’anarchie…

Rousselin.

Pas du tout !

Bouvigny.

Un organe du désordre, moi aussi, je me déclare candidat ! Candidat conservateur, entendez-vous ! et nous verrons bien lequel des deux… Je suis même le camarade du préfet qui vient d’être nommé ! Je ne m’en cache pas ! et il me soutiendra ! Bonsoir ! (Il sort.)