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Page:Flaubert - Le Candidat.djvu/84

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Rousselin.

Oui, car sans compter trente mille francs d’appointements.

Murel, timidement.

Vingt mille !

Rousselin.

Trente mille ! en plus, une part dans les bénéfices de la Compagnie ; et puis vous avez votre tante…

Murel.

Madame veuve Murel de Montélimart ?

Rousselin.

Puisque vous êtes son héritier.

Murel.

Avec un autre neveu, militaire !

Rousselin.

Alors, il y a des chances !… (Faisant le geste de tirer un coup de fusil.) Les Bédouins ! (Il rit.)

Murel, riant.

Oui, oui, vous avez raison ! Les femmes, même les vieilles, changent d’idées facilement ; celle-là est capricieuse. Bref ! cher monsieur Rousselin, j’ai tout lieu de croire que ma bonne tante songe à moi, quelquefois.

Rousselin, à part.

Si c’était vrai, cependant ? (Haut.) Enfin, mon cher, trouvez-vous ce soir, après dîner, là, devant ma porte, sans avoir l’air de me chercher. (Il sort.)