Page:Flaubert - Madame Bovary, Conard, 1910.djvu/25

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dont il avait, certain jour, découvert un vieux portrait, avec cette légende : « Mon Dieu, mon Dieu, dans quel temps m’avez-vous fait naître ![1] ». À Paris, il recevait ses intimes le dimanche, chez lui, boulevard du Temple, et beaucoup plus tard rue Murillo et faubourg Saint-Honoré. Aux survivants des anciens amis, se joignent, après la guerre, Émile Zola, Alphonse Daudet, Tourguéneff, José-Maria de Hérédia, Georges Charpentier, son éditeur. Et Guy de Maupassant lui amène les jeunes de l’école dite « naturaliste », les auteurs des Soirées de Médan.


Martyr de la littérature, Gustave Flaubert est mort à la peine. Son sacrifice n’aura pas été stérile et, selon la belle parole de M. Paul Bourget, « son exemple aura reculé de beaucoup d’années le triomphe de la Barbarie qui menace d’envahir aujourd’hui la langue[2] ». — « Je ne crois pas à la gloire, et pourtant je me tue pour elle », répétait parfois le bon géant. Il eut tort de ne pas y croire, son nom vivra aussi longtemps que les lettres. Gustave Flaubert demeurera au premier rang des prosateurs français avec Bossuet, Voltaire et Chateaubriand.

  1. Charles Lapierre, Esquisse sur Flaubert intime.
  2. Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine.