Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/119

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Après que nous eûmes examiné la seconde Pyramide, nos trois Anglais vinrent (nous les y avions invités) nous faire une visite dans notre tente : café, chibouks, fantasia de nos Arabes, trémoussement du vieux sheik appuyé des mains sur un bâton. Les Arabes s’abaissent et se relèvent en claquant des mains et en chantant : « pso malem jara leudar ; pso malem jara leudar », c’est du langage bédouin et ça veut dire : Sautons tous en rond.

Nous avions pris un garde de Giseh, nègre formidable, armé d’un bâton terminé par un cercle de fer.

Du haut de la Pyramide un de nos guides nous montrait l’endroit de la bataille, et nous disait : « Napouleoùn, sultan Kebir ? aicouat, mameluks », et avec les deux mains il faisait le geste de décapiter des têtes.

La nuit, il fait grand vent ; la tente tremble sur ses piquets, le vent donne de grands coups dans la toile comme dans la voile d’un vaisseau.

Dimanche. — Matinée froide passée à la photographie ; je pose en haut de la Pyramide qui est à l’angle S.-E. de la grande.

Tombeau-puits. — Un fossé circulaire en plein roc, puis une plate-forme au milieu de laquelle un trou carré d’environ 80 pieds (vu de haut en bas) sur une trentaine de large ; à côté (du côté des Pyramides), un puits carré. — Agilité merveilleuse de nos Bédouins. — Au fond du tombeau, un sarcophage ; dans le sarcophage, une grande figure en granit dont on ne voit que la tête. Je n’y suis pas descendu.

Petites grottes au bas de la colline des Pyramides.