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NOTES DE VOYAGES.

Musée Perrot : la tête de Sapho ; la marmite sur son trépied ; ameublements du xvie siècle, ceintures, casques, aigles romaines ; le portique de la Maison Carrée encore plus aérien, plus libre et plus beau ; on se promène dessous à l’aise. Comme les corniches se détachent sur l’air bleu ! Le gothique n’a rien de cette sérénité.

À Arles, le soir. — Café de la Rotonde. — Saint-Trophime. — Promenade seul, dans les rues en pente, entre le théâtre et le cirque. Au théâtre on déblayait… — Étrange silence ; arbre qui passe au-dessus du mur ; pots de chambre que l’on vidait sur le théâtre même. Ô Plaute !… — Je fais le tour, j’entre sur le théâtre et je regarde l’ensemble. — Conversation. — Arlésienne à l’air stupide, yeux chassieux et coiffure mal peignée. — Puis je m’en retournai, écrasé par l’histoire et entendant les cris rauques de Labrac et du Soro. — Arlésiennes : les belles me semblent en plus grande quantité que la première fois.

Alyscamps. — Plaine de tombeaux, chemin de fer, chapelle avec ses cercueils vides. — La jeune fille morte le jour de ses noces : le crâne était plein de terre et une longue plante sans feuilles avait poussé dedans.

Musée. — Le Silène, sans tête, cuisse molle, ventre flasque et empli, poitrine large ; on est tenté de prendre son ventre et d’en manier les plis gras. — Tête de Cybèle sans nez. — Jolis tumulus. — Le guide : «  j’ai des dictionnaires latins, grecs…  ». — Le marché, jeune fille avec sa mère. — La messe : les enfants dans une chapelle ; femme au teint de marbre jauni, au coin d’un pilier, maigre et pâle. C’est dans une église pareille