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Promenade vers la ville des morts, avec le docteur Curg ; nous voyons passer un enterrement.

Nous montons dans les grottes de Lycopolis. Par l’ouverture, large, vue encadrée des prairies ; au fond, la chaîne arabique. Au premier plan, se détachant dans la lumière, un âne ; à gauche, en bas, lorsqu’on descend, grand cimetière avec ses murs dentelés et ses dômes : les murs dentelés représentent d’ensemble un régiment confus de mâchoires de requins.

Notre guide nous prend par la main et nous conduit mystérieusement pour nous montrer l’empreinte, sur le sable, d’une bottine de femme. C’est une Anglaise qui a passé là il y a quelques jours. Pauvre garçon !

Déjeuner chez Curg. Sa femme, fille de Linant-bey.

Promenade dans les bazars. — Gros Syrien marchand de toiles. — Un Polonais causant en italien avec Max. — Bain excellent, tellement chaud que je ne peux mettre le pied dans la piscine.

Le jour s’abaisse, nous retournons à la cange ; les gens qui marchent sur la rive du fleuve ont l’air d’ombres chinoises ; il est nuit.

Mercredi. — Notre grotesque Schimi déserte. Après l’avoir attendu quelque temps, nous partons à 11 heures. Excellent vent arrière. Maxime a tué ce matin un petit oiseau vert qu’il vient de jeter à l’eau : c’était comme une fleur s’en allant sur les ondes, ce qui lui a fait dire spirituellement : « Les oiseaux ne sont-ils pas les fleurs de l’air ? »

Mercredi 27, jeudi 28, bon vent arrière.

Vendredi 1er mars. — À 11 heures 10 minutes du