Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/174

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elle en est ressortie. À côté d’elle, sa mère, contre laquelle elle se tapissait, femme à figure carrée, d’expression douce, fort belle autrefois. — Vieille femme aveugle conduite par une petite fille ; petite fille aveugle, toute nue, à qui nous avons donné l’aumône.

Le soir nous nous sommes promenés sur la berge, sous des palmiers touffus. Deux nègres, assis par terre, épluchaient du coton. Entre ces grands palmiers, qui sont au premier plan, et un bouquet d’autres palmiers plus petits et dont les branches retombaient en courbes molles, comme eussent fait des jets de liquides verts, on voyait le Nil ; après le Nil, qui entrait là dans les terres, au troisième plan, s’avançait une demi-lune de grands palmiers ; après eux, une grande pelouse d’orge, très verte, qui allait jusqu’à la montagne au pied de laquelle est le village. Ses maisons grises confondent avec elle leur ton, et comme ces maisons sont carrées, il semble que ce ne soit que quelques grosses pierres des assises inférieures de la montagne. Entre les premiers palmiers et le Nil (entre le premier et le second plan), il y avait deux petits carrés de cotonniers, dont les feuilles sont rouges, rouillées par place ; des coques de coton commençaient à s’ouvrir.

D’Abou-Horr à Maharrakah, cela redevient Égypte. Les montagnes basses et épatées sont plus reculées ; sur les rives, un peu d’herbe. On prendrait de loin la montagne de Maharrakah pour une pyramide. Le Nil, plus large depuis ce matin, se resserre.

Médyk. — Nous amarrons le soir, à 5 heures, à Médyk.