Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/275

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marchand de mouron. Palais du Lazaret où nous logeons : embarras du débarquement, le chef gardien, grand dégingandé avec un œil de travers, trois jours, grand vent par les fenêtres, émigré italien cognant dans le corridor. — Bain de mer.

Le mardi matin, nous en sortons. — Homme en veste bariolée, en coufieh, qui arrive au galop, figure pâle, fière tournure. — Haies de figuiers de Barbarie, café au bord de l’eau, voyageurs sur des ânes. Cela me fait l’effet d’un paquet de rubans qu’on me secoue devant les yeux.

Beyrout[1]. — Les maisons sont en pierre, ce n’est plus l’Égypte ; je ne sais quoi qui fait déjà penser aux croisades. — Hôtel de Baptista sur le port. — Fort dans la mer, à droite, démoli par les Anglais. — Bataille pour les pastèques qui arrivent de Jaffa. — Les enfants qui se baignent là, toute la journée, se font des turbans verts avec les morceaux de pastèques qui flottent sur l’eau.

Hôtel. — Le chancelier d’Autriche : « Le séjour de Damas est-il délicieux ? y passez-vous des soirées sereines ? » — Un Russe, le capitaine maltais, l’émigré italien qui me fait l’effet d’une canaille et accepte très bien nos 50 francs. — Bazars : c’est très heurté, tassé, populeux, beaucoup de soie. — Soirées du Ramadan ; petite mécanique dans les cafés, qui fait du bruit ; on boit de la neige.

MM. de Lesparda, Rogier, Peretié, M. et Mme Suquié.

Cimetière, un soir, à la tombée du jour : trois moutons qui paissaient l’herbe parmi les pierres ;

  1. Voir Correspondance, I, p. 429.