Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/315

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quants, qui surprend et ravit ; au second plan, la nappe plate et bleue de la mer Morte ; au fond, les montagnes passant, suivant que la lumière marche, par toutes les teintes possibles de ce que je ne peux appeler autrement que bleu ; à gauche, le mont de la Quarantaine, avec quelques ruines dessus. Nous descendons dans la plaine et, après avoir, pendant une demi-heure, serpenté à travers des bouquets d’arbres épineux, nous arrivons sur les bords d’un petit ruisseau d’eau claire ; nous nous déharnachons, déjeunons et faisons la sieste.

Aïn-Sultan. — L’eau est rapide, remplie de petits poissons qui entraînent nos tranches de pastèques. — Nous arrivons à Richia vers 4 heures, forteresse turque, bâtisse carrée, en pierres, au milieu du village composé peut-être d’une quarantaine de maisons ou de huttes. Dans la cour, gourbis où sont attachés les chevaux. — Une jument grise avec son petit poulain, né il y a deux jours ; à peine s’il se peut soutenir sur ses jambes, il se cogne les jarrets et marche sur ses paturons.

À droite en entrant, il y a une vasque d’eau où sont assis et fument plusieurs Turcs. À l’étage supérieur de la forteresse, entouré de créneaux faits de boue et de pierre et dont les découpures, d’en bas, sont d’un charmant effet, surtout lorsque quelques soldats s’y dessinent dessus, deux gourbis de branchages. On nous met des tapis sous l’un d’eux, nous fumons la pipe et prenons le café. — En bas, dans une chambre, femme qui fait du pain sur une plaque de fer, le pain est ainsi cuit de suite ; fumée qui nous fait, ainsi qu’elle, pleurer. C’est du pain sans levain (le pain de voyage