Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/346

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à mon ancien pion de sixième, Guérard ; son turban noir est pareil à celui des juifs, et quand je lui en ai demandé la différence, il ne me l’a pas expliquée. Il nous raconte tout au long l’histoire du Père Thomas, assassiné par les juifs : on l’a d’après son récit, après l’avoir égorgé, décapité, et sa tête a été broyée dans un pilon. Le couvent des Lazaristes n’a rien de curieux. Pendant que nous sommes là, visite de l’évêque de Homs et de Hama, qui arrive avec une canne de janissaire ; le supérieur lui baise la main, on cause ballons, l’évêque nous demande des explications. Ces messieurs me paraissent, à peu près sur toutes les matières possibles, d’une ignorance cléricale respectable. Le Père supérieur nous mène dans une maison chrétienne qui, dit-il, est la plus belle des chrétiens ; elle l’est bien moins que celle des juifs et les paysages muraux sont encore plus arrogants. C’était chez des fabricants de soieries : un fils de la maison, blondassin à grand nez et parlant italien, se tenait debout ; son bonhomme de père, assis et fumant le chibouk. Vasque de forme oblongue dans l’appartement.

Nous sortons de la ville par le côté Est, à côté de Bab-el-Charieh, la porte dorée et murée comme à Jérusalem. Ou distingue encore très bien les bases de l’ancienne porte, à d’énormes amas de pierre ; la base des remparts modernes, légers et faits de boue et de cailloux, est encore de cette construction. Dans les fossés comblés et sans eau, quelques chiens morts, à demi rongés, couchés sur le flanc. Chiens jaunâtres qui rôdent. Il faisait très chaud et le soleil tapait dur.

Cimetière chrétien : ce sont tous caveaux ; on