Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/354

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noix, un autre a sauté du mur sur l’arbre, quand je passais près du mur.

Jeudi, à 1 heure, parti de Damas avec M. Courvoisier et son drogman Giovanni, grand efflanqué à figure bon enfant. — Moucre chrétien portant par pompe un chapeau européen par-dessus son turban. — Le gros janissaire qui nous précède nous quitte au milieu de la montagne de Salameh. — Au delà du haut de la montagne, Damas disparaît. Nous descendons le revers et nous apercevons, enfoncée entre les gorges grises, la petite et verdoyante vallée de Dumar ; nous descendons. À son entrée, chicheh fumé dans un café que traverse un pont, au bord de l’eau, sous les arbres. La route passe sous les arbres, dans des chemins où l’eau court ; les sources tombent des deux côtés, çà et là, sortant d’entre des buissons suspendus. — Un pont, toujours en forme de compas déployé. — À gauche, on a la montagne grise, nue, sèche ; à droite, le cours d’eau et la ligne mince de la vallée, beaucoup de peupliers, peupliers de Virgile, dont les feuilles très blanches tremblent et se détachent dans l’atmosphère bleue. On monte, terrains nus, moins qu’en Palestine ; petits buissons, plus de tons violets et moirés de gris. — Arrivés à Himar à la tombée de la nuit, village situé à mi-côte, logés dans une espèce de carrefour cul-de-sac ; deux appartements, je couche dehors.

Vendredi, à 4 heures, partis. — Chemins très mauvais et difficiles, cours d’eau que traversent les chevaux dans les ténèbres. Au bout d’une heure, nous entrons dans la gorge de El-Bogat, qui me rappelle tout à fait les Pyrénées, mélange