Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/405

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Malona. — Enfin nous arrivons à Malona, dans une grande maison où l’on nous dresse des matelas ; nous nous étendons dessus, nous prenons le café, et je fume deux narguilehs, ce qui me ranime complètement.

De Malona à Archangelo, route charmante, touffue, herbue ; petits chemins creux en berceau, haies épaisses, des figues aux figuiers, des grenades aux grenadiers ; un cours d’eau apporté de quelque ruisseau voisin disparaît entre les haies de roseaux, de myrtes et de vignes. Après cette route étroite, grand champ d’oliviers, vallée rare et magnifique, où viennent aboutir trois collines ; ifs, pins, etc. Nous tournons, au bout de cette vallée, une montagne aride à son sommet, ce qui contraste avec la richesse feuillue des premiers plans de sa base ; cela est sur notre droite. Nous montons cette raide montée, en haut nous découvrons Archangelo tout à coup.

Archangelo. — Les maisons sont blanches ; des jardins ; un rocher surmonté d’une forteresse domine le village.

Coucher de soleil : nuages blanc jaune, puis un seul nuage, allongé en forme de grand poisson, lie de vin rosé, coupé par des bandes ou arêtes transversales de cuivre rouge brun ; à côté le ciel bleu pâle. Le nuage peu à peu se rembrunit, perd son or, et finit par devenir une large tache d’encre sur le ciel devenu pâle.

Nous sommes dans une maison dont la grande pièce du rez-de-chaussée est divisée par une grande arcade, comme à Soroné et comme le lendemain, chez notre guide, à Costinos ; la veuve chez laquelle nous logeons a encore peur de se compro-