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VOYAGE EN FAMILLE.

et des encensoirs. — Chacun a sa petite maison, son petit jardin. Avec quel amour la pauvre âme doit en cultiver les fleurs ! J’ai pensé à un pauvre homme pleurant là dedans par un après-midi d’été. — On les éveille à 11 heures de nuit. — Guichet par où on leur apporte à manger. — L’égoïsme doit s’y développer. — Visiteurs : le vieux ; l’estimable M. et son intéressante jeune fille. Quel dommage que les dames… ça perdrait de sa poésie et les jupons s’y rôtiraient. — Activité de notre guide. — Parmi les bas-reliefs : le Massacre des nouveau-nés.

Musée Pinacothèque. — Un portrait de Raphaël Mengs, par Knoller : figure blanche, fraîche aux lèvres et aux paupières, regard vif, un peu ému ; carrick jaunâtre, une palette à la main. Il y a de ce même Raphaël Mengs un portrait de musicien, vu de face, la main droite sur le bord d’un clavier ; grand gilet xviiie siècle, brodé d’or, habit de velours marron ; rouge figure, ronde, molle et souriante, italienne, mêlée de sérénade et de madrigal, amollie par quelque chose du courtisan Pompadour.

Magnifique portrait de jeune homme en pourpoint de satin, nez retroussé, toque de velours un peu sur le derrière de la tête. — Une vieille, à côté de lui, par Enrico (Martinger) ; il a quelque chose de Van Dyck, plus lumineux, moins profond, plus incisif. — Une vieille, de Murillo, tout en gris, souriant plutôt de malice que de gaieté, main droite crispée. — Le Mariage, de Raphaël, mélancolie étrange, naïveté saisissante. — Abraham et Agar, par Guerchin : Sarah sourit dans le coin à gauche, Agar pleure et regarde Abraham,