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NOTES DE VOYAGES.

seuil ; il est venu à moi, m’a regardé et s’est tu. — Le salon a une forme carrée à coins coupés. Tenture en soie rouge brochée, copies de l’Albane : Muses et femmes nues, la Toilette de Vénus ; fauteuils en tapisserie, fond blanchâtre à fleurs. Sur la droite la cheminée, singulière forme du poêle. Sur la porte qui donne dans sa chambre à coucher : l’Apothéose de Voltaire conduit par la Vérité et couronné par la Gloire ; au bas et renversés, les Critiques, l’Envie, le Fanatisme, etc., aquarelle, gravure coloriée ou dessin avec de la couleur, pitoyable du reste. — Chambre à coucher : au fond le lit, le vrai lit où le grand homme dormait ; on en a ôté les tentures et on en voit le bois à nu. Suspendu sur le lit, le portrait de Lekain (au pastel) à la Titus et couronné de laurier ; à droite, un portrait (pastel) de Voltaire jeune, le même que celui de l’édition de 1782 ; à gauche, le grand Frédéric (à l’huile), nu-tête, en costume militaire, teint animé, plaqué de rouge, tête maigre et carrée. Sur les deux grands panneaux, à droite, Mme du Chatelet et Mme Denis ; à gauche, le portrait de Catherine, brodé à la main par elle-même (fait et donné par Catherine de Russie a M. de Voltaire). Dans la cheminée une espèce de monument funèbre qui a contenu son cœur, avec ces deux inscriptions au-dessus : « Son esprit est partout et (ou mais ?) son cœur est ici ». — « Mes mânes seront tranquilles puisque je sais que je reposerai au milieu de vous ». Entre ce monument et la porte, un pastel ; portrait d’un ramoneur au-dessus.

La tenture est de soie jaune à fleurs. L’ameublement de ces deux pièces était riche, plein de