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NOTES DE VOYAGES.

le vert pâlissait et, par un blanc insensible, gagnait le bleu qui faisait la voûte sur nos têtes, où se fondait la transition (brusque) des deux grandes couleurs.

Danse des matelots. — Joseph à ses fourneaux. — Barque penchée. — Le Nil au milieu du paysage. — Nous sommes au centre. — Les bouquets de palmiers à la base des pyramides de Sakkara semblent comme des orties au pied des tombeaux.

III

Là-bas, sur un fleuve plus doux, moins antique, j’ai quelque part une maison blanche dont les volets sont fermés, maintenant que je n’y suis pas. Les peupliers sans feuilles frémissent dans le brouillard froid, et les morceaux de glace que charrie la rivière viennent se heurter aux rives durcies. Les vaches sont à l’étable, les paillassons sur les espaliers, la fumée de la ferme monte lentement dans le ciel gris.

J’ai laissé la longue terrasse Louis XIV, bordée de tilleuls, où, l’été, je me promène en peignoir blanc. Dans six semaines déjà, on verra leurs bourgeons. Chaque branche alors aura des boutons rouges, puis viendront les primevères, qui sont jaunes, vertes, roses, iris. Elles garnissent l’herbe des cours. Ô primevères, mes petites, ne perdez pas vos graines, que je vous revoie à l’autre printemps.

J’ai laissé le grand mur tapissé de roses avec le pavillon au bord de l’eau. Une touffe de chèvre-feuille pousse en dehors sur le balcon de fer. À