Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/103

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des pas de nos chevaux, on respire une bonne odeur ; le ciel est barbouillé de sales nuages bruns, qui estompent le contour des montagnes. Nous déjeunons (moi avec un morceau de pain sec) sur le tronc incliné d’un gros platane, au bord du torrent, qui fait un coude en cet endroit et dégringole doucement de pierre en pierre.

Quelque temps après qu’on a dépassé les platanes et quelques hautes petites prairies inclinées au pied des montagnes, on s’élève. — Mamelons. — À gauche, une série de collines se détachant d’une montagne, et coulant parallèlement vers le fond de l’étroite vallée, ayant la forme de cylindres.

Nous nous élevons sur des crêtes de montagnes où il y a juste la place du sentier ; de chaque côté, une vallée d’où l’œil descend par une pente escarpée. Les sapinettes ont succédé aux platanes, elles deviennent de plus en plus rares, la végétation cesse. Montagnes chenues, gris blanc par places et couvertes généralement de petites touffes épineuses vertes. Nous dominons une grande plaine noyée dans la brume et où tombe la pluie ; au bas de la plaine, le grand village de Dracmano ou Abdon Rakmahill. — Trois vieux puits comme celui d’Éleusis.

Nous suivons le chemin fangeux qui coupe la plaine par le milieu ; bientôt elle se resserre entre deux bases de montagnes qui avancent, on tourne à droite légèrement, et l’on entre dans une seconde division de la plaine, où est situé Chéronée. — Troupeaux de moutons nombreux, tous à longue laine et en bon état. — Nos chevaux enfoncent dans la terre marécageuse, des vanneaux et des bé-