Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/149

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touré de montagnes, où François nous dit qu’il s’est livré un grand combat entre les Thébains et les Spartiates. Lequel ?

Lentisques, arbousiers, poiriers sauvages ; par terre, plante à fleur jaune, plusieurs petites tiges à feuille lancéolée, très laiteuse, odeur pourrie se rapprochant de l’urine de bête fauve (euphorbe ?).

Bientôt, devant nous, derrière des montagnes vertes, le Taygète, bleu ardoise foncé, avec des sommets blancs ; il a l’air très mamelonné en long, couvert de nuages ; entre lui et nous, la plaine où est Sparte ; sur la gauche, en amphithéâtre, le village de Vourlia.

Nous passons un torrent qui coule sur du sable, affluent de l’Eurotas, que nous trouvons bientôt devant nous, et nous tournons tout de suite sur la droite. L’Eurotas, tout jaune (à cause des pluies), me paraît grand comme la Touques à peu près ; il y a sur ses bords des lauriers-roses, des troènes, des mûriers. Nous passons un pont en compas, très élevé, très grêle, très élégant. Pour l’écoulement des eaux, on a (contre toute symétrie) pratiqué deux arcades à droite et une seule à gauche. Après qu’on a passé le pont, on revient sur la gauche et l’on marche, en plein, au milieu de la vallée de l’Eurotas. À droite, une petite chaîne de collines vertes, derrière lesquelles, par moments, le Taygète apparaît en pic bleu sombre, drapé de neige sur sa tête ; à gauche les montagnes, au delà du fleuve bordé d’arbres, affectant la forme d’un long rempart, allant, s’abaissant à mesure qu’il va vers Sparte, d’un ton roussâtre et d’un galbe droit. Je ne sais pourquoi cela me rappelle le dorique et me plaît étrangement, plus que le