Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/21

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homme à prestance de pacha, lui donne une claque sur le menton, en manière de facétie et de mépris, et l’emmène chez lui. — Visite au gouverneur, homme nul.

Mercredi 23. — Rien de particulier dans les bazars. — Auvents en bois. — Rue avec un ruisseau carré au milieu pour les chevaux. — Cimetières dans la ville. Depuis plusieurs jours, nous trouvons souvent, dans la campagne, des tombes à des endroits complètement inhabités ; là sans doute fut quelque campement, ce sont les tombes des amis de ceux qui ont porté leurs tentes ailleurs, cela donne à la route quelque chose de très grand et d’inattendu. En venant d’Iasoulouk à Tyra, un enclos contenant quelques tombes, un peuplier au milieu ; dans le cimetière d’Iasoulouk, des oies se promenaient ; un coup de vent est venu, elles se sont assises et rengorgées en bateau pour le laisser passer ; quelques-unes ont mis la tête sous l’aile.

Partis à 8 heures et demie. — Déjeuner sous un platane, près d’une citerne ; on puise de l’eau dans une outre, l’eau coule d’elle par tous les côtés. Un troupeau de moutons vient à côté de nous.

Nous avons marché toute la journée dans une grande plaine ; cirque immense au milieu des montagnes en amphithéâtre. Les montagnes sont loin de nous ; sur la gauche, leur galbe est sinueux et aigu. Nous passons près d’un chariot tassé de chanvre (roues à jantes et rayons) et traîné par des buffles, ils soufflent bruyamment lorsqu’ils sont arrêtés.

Nous passons par le village de Odemisch, au milieu du petit bazar qui forme sa rue principale : beaux enfants et en assez grande quantité, les