Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/297

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dans les villages ; les ponts sont plus étroits que le chemin.

La végétation diminue, les montagnes grandissent, nous montons toujours. Elles sont d’un vert épinard à ma gauche ; celles de l’horizon, grises par le sommet.

On commence à descendre. De pauvres Arabes couverts de haillons (pas une femme) chassent des ânes couverts de branches avec leurs feuilles ; des jardins au bord de la route, des roses, un palmier, mais vilain ; une chèvre jaune et sans cornes broute sur une pente à droite ; troupeaux de chèvres.

Les montagnes du fond s’accumulent les unes derrière les autres. On tourne sur la gauche pour gagner Constantine et l’on monte, à pied. Interminable ascension. Un de nos compagnons (un horloger), horriblement pied bot, monte avec sa béquille.

Sous les remparts de Constantine, place grise, en pente, couverte d’Arabes. Leurs cahutes, en forme de loges à chien, ont un toit (ce qui les différencie de celles des fellahs) ; elles sont en pierres et en boue, hautes de trois et quatre pieds. Le terrain est très en pente, les hommes font de longues masses blanc sale flottant ; ce qu’il y a de plus brun, ce sont les visages, les bras et les jambes, cela est d’une pauvreté et d’une malédiction supérieures : ça sent le paria. Ce sont d’anciens habitants rejetés hors la ville.

On entre par la place d’Armes. — Zouaves faisant l’exercice. — En face, la pyramide du général Damrémont. — Des garçons d’hôtel vous assaillent. — Hôtel du Palais.