Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/30

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Bournabah, petite ville au pied de la montagne, maisons de campagne des commerçants levantins. — Deux très grands cyprès dans un jardin qui a, sur le devant, une maison blanche. — Entrée ridicule que je fais dans le jardin d’un certain gros M. Nicolazzi (?) qui me dit : « Misérable ! » en me montrant des choux et des rosiers. Il était en habit noir et en pantalon blanchâtre, cheveux ras, grosse boule, parlant un jargon que j’ai pris tour à tour pour français, anglais, italien, turc et grec. — Nous traversons en droite ligne toute la plaine, par des chemins, entre des arbres, pleins d’eau à cause de la pluie des jours précédents ; nous pataugeons dans la terre labourée par places, nous baissons la tête pour passer sous des arbres. Plantations nombreuses. Nous coupons la route qui mène à Nymphio ; par une pente escarpée on monte au village de Cacoutjath.

Cacoutjath. — Vue de toute la plaine : au premier plan, verdure des oliviers ; en face, montagne d’un ton roux très pâle ; à droite, montagnes bleues de Nymphio ; à gauche, la mer, ardoise, et Smyrne blanc avec ses toits rouges. Le ciel est froid, bleu, clair.

Dans le village, ancienne mosquée de même construction que la petite mosquée d’Éphèse. Je monte droit toute la montagne (c’est dans ces environs qu’il y a deux jours on a arrêté et volé deux jeunes gens de Smyrne qui chassaient) et je retombe sur Boudja.

Retour à Smyrne par une descente pavée.

Mont Pagus. — Montée du mont Pagus. — Petit cimetière. — Peu à peu, Smyrne grandit à mes pieds, la nuit vient. J’entre dans la forteresse