Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/306

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nade, le soir, dans les rues pleines de boue ; il est trop tard pour voir Carragheuss !…

Quand on sort par Bah-Kaddrah, plaine, à droite ; le lac et Hammam-lif en face. Si l’on se tourne vers Hammam-lif, on a d’abord la plaine, puis le lac, et, ayant le flanc droit tourné à la porte de la chapelle Saint-Louis, en face : le port double et un espace de gazon, la mer ; Hammam-lif un peu à gauche, le Zaghouan dans le fond.

Jeudi 29, jour de courrier, écrit à ma mère. — Le soir, promenade sur la place de la Casbah, avec MM. Sainte-Foix, d’Haubersaërt, etc. Lune magnifique et les minarets illuminés quand nous arrivons sur la place. À gauche, cafés pleins de monde et de bruit, de la musique qui grince et bourdonne, avec des voix glapissantes par-dessus ; en face, un énorme caroubier à côté du grand mur blanc de la casbah, un mur coupé violemment par une large draperie d’ombre, qui a l’air de faire la suite du sol, la terre (dans l’ombre) étant comme un tapis.

Le ciel était d’un bleu extrêmement pur et profond, avec des étoiles couleur de diamant ; çà et là, au-dessus des terrasses blanches, un minaret carré entouré de lumières jaunes (lampes à huile qui brûlaient). — Odeur de tabac et de benjoin.

En face de la casbah, un peu à gauche quand on lui tourne le dos, des monticules de terre, immondices ou décombres devenus collines, étaient perdus dans l’ombre ; les places de terre éclairées par la lune étaient grises, et les murs d’une étonnante blancheur. En face de la casbah, un peu à droite des monticules, un palmier se découpait sur