Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/309

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bleuâtres ; à droite, un bout de terrain vous cache la vue.

Au bout de cette première plaine, une seconde ; la végétation cesse tout à coup après les oliviers (la première s’appelle Rastabiah et la seconde Menihelah ; arrêté à Sabel-Settabah, fontaine à trois colonnes) et on entre dans une plaine aride. Les montagnes disparaissent ; à droite, un santon abandonné. Des Bédouins passent près de nous, armés jusqu’aux dents. C’est dans les oliviers que l’on a tué le père de Bogo.

La vallée finit. Petite montagne, et tout à coup se déploie une autre plaine qui est immense, elle se présente plate comme la main, toute unie ; on arrive de suite au fondouk du Pont.

La Medjerdah est large comme la rivière de Bapaume et de couleur jaune ; les montagnes reparaissent sur la gauche. — Un grand troupeau de moutons blancs à tête noire. — Une heure après, arrivés à Mézel-Goull (Halte du Diable).

Le douar est au fond ou plutôt à l’entrée d’une gorge, nous descendons de voiture et allons à la chasse des scorpions, la montagne est nue et couverte de petites épines. — Un enfant du douar, avec un double bâton crochu. — Le ravin est sur notre gauche ; nous redescendons et nous installons dans un gourbi, sur des planches, très gaiement ; ce sont les planches de son lit que Amorr-Ben-Smidah a défaites pour nous les donner.

Nous fumons des pipes dehors, dans l’enceinte faite en bouse de vache desséchée ; de petites vaches, dans la cour, sont couchées par terre, nous manquons de tomber dessus ; les chiens du douar aboient. Ils ont cette habitude d’aboyer sans cesse,