Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/45

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seul excepté. — On nous montre aussi, sous verre, les clefs des villes prises par les sultans. — Vieilles espingoles à bois usé, noir, culotté, tromblons épatés, toute l’artillerie fantastique et lourde d’autrefois. — Machine-Fieschi.

Il y a aussi au Sérail un musée d’antiques : une statuette de comédien avec le masque ; quelques bustes, quelques pots, deux pierres avec figures et caractères égyptiens. — Nous sortons par la porte qui donne sur la place de Sainte-Sophie. — Déjeuner dans un café pendant que le reste de la société tâche de voir la Monnaie.

Sainte-Sophie, amalgame disgracieux de bâtiments, minarets lourds ; elle est repeinte en blanc et ceinte de place en place de bandes rouges. Nous entrons par une porte de la cour extérieure qui fait l’angle de la place et de la rue, à toit avancé, retroussé. À l’église même, porte de bronze latérale sur laquelle on reconnaît les marques d’une croix. Le vaisseau est d’une hauteur écrasante qui n’est surpassée que par celle du dôme couvert de mosaïque. De la galerie du premier étage, les lampes suspendues ont l’air de toucher à terre et l’on ne sait comment les hommes peuvent passer dessous. Ancienne porte murée sur le côté droit. Aux quatre coins du dôme, chérubins gigantesques. — Arcades romanes (voilà du byzantin !), feuilles de fougère. — Les dalles couvertes de nattes. — Deux drapeaux verts des deux côtés du Nimbar ; à l’entrée de la mosquée petites vasques à ablutions.

Achmet, à côté de la place de l’Hippodrome, entourée d’arbres, 6 minarets. Bien plus belle d’extérieur qu’à l’intérieur, piliers lourds, énormes, cannelés en bosse, toute blanche.