Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/139

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et qui était en osier, quel osier ! du bronze plutôt, planisphère dur et compact fait pour résister à la grêle, que la pluie ne traversait point, que le temps ne devait que durcir et fortifier. L’homme qu’il recouvrait disparaissait dessous et avait l’air d’y être entré jusqu’au milieu du corps, et il le portait cependant (je l’ai vu tourner la tête). Quelle constitution ! quel tempérament il avait donc ! quels muscles cervicaux ! quelle force dans les vertèbres ! Mais aussi quelle ampleur ! quel cercle, ce chapeau ! Il projette une ombre tout à l’entour de lui, et son maître ne doit jamais jouir du soleil. Ah ! quel chapeau ! C’est un couvercle de chaudière à vapeur surmonté d’une colonne, ça ferait un four en y pratiquant des meurtrières ! Il y a des choses inébranlables : le Simplon et l’impudence des critiques, des choses solides : l’arc de l’Étoile et le français de Labruyère, des choses lourdes : le plomb, le bouilli et M. Nisard, des choses grandes : le nez de mon frère, l’Hamlet de Shakespeare et la tabatière de Bouilhet, mais je n’ai rien vu d’aussi solide, d’aussi inébranlable, d’aussi grand et d’aussi lourd que ce chapeau de Plouharnel !

Et il avait une couverture en toile cirée !