Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/450

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dont les deux côtés sont couverts de pins immenses qui font partie de la forêt de Sorba.

Nous nous arrêtons à une rivière qui sépare celle-ci de la forêt de Marmano. Là nous nous sommes assis, et avons dévoré les provisions que le capitaine avait fourrées dans ses sacoches. On a monté dans les arbres pour casser des branches vertes pour nos chevaux qui nous regardent d’un œil d’envie. L’herbe est fraîche, de grands troncs dépouillés et tout blancs s’étendent en travers du torrent, les rochers et les pierres qui sont dans son lit le font murmurer ; les grands arbres nous entourent, et sur leur faîte le soleil commence à darder vigoureusement.

Nous sommes accompagnés par un brave homme de Ghisoni qui doit nous indiquer la route d’Isolaccio, qu’ignorent également notre guide et le capitaine. Il marche à côté de ce dernier et lui parle sans s’arrêter pendant plus d’une heure, sans que celui-ci lui réponde un seul mot.

Nous avons monté depuis le matin et nous entrons dans la forêt de Marmano. Le chemin est raide et va en zigzag à travers les sapins, dont le tronc a des lueurs du soleil qui pénètre à travers les branches supérieures et éclaire tout le pied de la forêt ; l’air embaume de l’odeur du bois vert. Il ne faut pas écrire tout cela.

De temps en temps les arbres avaient l’air de nous quitter, et nous passions alors devant des huttes de bergers, faites de cailloux rapportés et de branchages morts. Enfin nous parvînmes, vers