Page:Flaubert - Salammbô.djvu/324

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défendus par des écailles d’airain, percés de portes nombreuses, remplis de soldats ; sur la plate-forme supérieure se dressait une catapulte flanquée de deux balistes.

Alors Hamilcar fit planter des croix pour ceux qui parleraient de se rendre ; les femmes mêmes furent embrigadées. Ils couchaient dans les rues, et l’on attendait plein d’angoisses.

Puis un matin, un peu avant le lever du soleil (c’était le septième jour du mois de Nysan), ils entendirent un grand cri poussé par les Barbares ; les trompettes à tube de plomb ronflaient, les grandes cornes paphlagoniennes mugissaient comme des taureaux. Tous se levèrent et coururent au rempart.

Une forêt de lances, de piques et d’épées se hérissait à sa base. Elle sauta contre les murailles, les échelles s’y accrochèrent ; et, dans la baie des créneaux, des têtes de Barbares parurent.

Des poutres soutenues par de longues files d’hommes battaient les portes ; aux endroits où la terrasse manquait, les Mercenaires, pour démolir le mur, arrivaient en cohortes serrées, la première ligne se tenant accroupie, la seconde pliant le jarret, et les autres successivement se dressaient jusqu’aux derniers qui restaient tout droits ; tandis qu’ailleurs, pour monter dessus, les plus hauts s’avançaient en tête, les plus bas à la queue ; et tous, du bras gauche, appuyaient sur leurs casques leurs boucliers en les réunissant par le bord si étroitement, qu’on aurait dit un assemblage de grandes tortues. Les projectiles glissaient sur ces masses obliques.

Les Carthaginois jetaient des meules de mou-