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Page:Flaubert - Salammbô.djvu/359

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Puis cette grande masse d’hommes, ayant oscillé quelque temps, s’arrêta ; ils ne découvraient aucune issue.

Ceux qui étaient le plus près du défilé revinrent ; le passage avait entièrement disparu. On héla ceux de l’avant pour les faire continuer ; ils s’écrasaient contre la montagne, et de loin ils invectivèrent leurs compagnons qui ne savaient pas retrouver la route.

En effet, à peine les Barbares étaient-ils descendus, que des hommes, tapis derrière les roches, en les soulevant avec des poutres, les avaient renversées ; et comme la pente était rapide, ces blocs énormes, roulant pêle-mêle, avaient bouché l’étroit orifice, complètement.

À l’autre extrémité de la plaine s’étendait un long couloir, çà et là fendu par des crevasses, et qui conduisait à un ravin montant vers le plateau supérieur où se tenait l’armée punique. Dans ce couloir, contre la paroi de la falaise, on avait d’avance disposé des échelles ; et, protégés par les détours des crevasses, les vélites, avant d’être rejoints, purent les saisir et remonter. Plusieurs même s’engagèrent jusqu’au bas de la ravine ; on les tira avec des câbles, car le terrain en cet endroit était un sable mouvant et d’une telle inclinaison que, même sur les genoux, il eût été impossible de le gravir. Les Barbares, presque immédiatement, y arrivèrent. Mais une herse, haute de quarante coudées, et faite à la mesure exacte de l’intervalle, s’abaissa devant eux tout à coup, comme un rempart qui serait tombé du ciel.

Donc les combinaisons du Suffète avaient