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Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/156

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À quoi vais-je m’occuper pendant ce temps-là ? Quelques intimes, quand ce ne serait que Murel qui est si actif, devraient être ici pour m’apprendre les premiers bulletins !

Oh ! les hommes ! dévouez-vous donc pour eux ! Si le pays ne me nomme pas… Eh ! bien, tant pis ! qu’il en trouve d’autres ! J’aurai fait mon devoir ! (Il trépigne.) Mais arrivez donc ! arrivez donc ! Ils sont tous contre moi, les misérables ! C’est à en mourir ! Ma tête se prend, je n’y tiens plus ! J’ai envie de casser mes meubles !



Scène X.

ROUSSELIN, Un Mendiant aveugle, qui joue de la vielle.
Rousselin.

Ah ! ce n’est pas un électeur, celui-là ? On peut le bousculer ! Qui vous a permis…

Le Mendiant.

La maison est ouverte ; et des camarades m’ont dit qu’on y faisait du bien à tout le monde, mon cher monsieur Rousselin du bon Dieu ! On ne parle que de vous ! Donnez-moi quelque chose ! Ça vous portera bonheur !

Rousselin, à lui-même.

Ça me portera bonheur ! (Il met deux doigts dans la poche de son gilet ; rêvant.) L’aumône, faite en des circonstances suprêmes, a peut-être une puissance que l’on ne sait pas ? et j’aurais dû, ce matin, entrer dans une église !…

Le Mendiant, faisant aller la vielle.

La charité, s’il vous plaît !