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Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/323

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Paul, d’un ton terrible, aux Gnomes qui se sont resserrés
autour de lui.

Pas encore, tant que cette épée…

Le Roi des gnomes.

Tire-la donc !

Paul, déjà la main sur la garde de son épée, est paralysé tout à coup. Ses bras et ses jambes conservent l’attitude qu’il avait prise dans ce mouvement. Il devient rigide et blanc comme une statue, pendant que le Roi, du haut de son balcon, prend son sceptre d’or. La bague reluit à sa main de marbre.

Le Roi des gnomes.

Nous t’avons fait des épaules assez solides pour porter les destinées du monde. Qu’en dis-tu ? Garde comme un remords le souvenir du passé. Demeure perpétuellement dans l’impuissance de ta menace. Tes yeux sans prunelles auront le don de nous voir et tes oreilles celui de nous entendre, quand tu seras transporté dans la salle de nos festins ; car sous ton apparence insensible tu vivras, pour souffrir ton supplice éternel.

Tous les Gnomes, se prenant par la main avec des éclats de rire et aux sons d’une musique infernale, font une grande ronde autour de la statue immobile.