Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
474
THÉÂTRE.

toit sur la tête… horreur et scandale ! tout est perdu, tout s’écroule… les mères se désolent, les vieillards se lèvent, comme des juges, et tandis qu’il y a, dans le monde, des cous qui ploient, sans crainte, sous la charge de leurs diamants, une perle à notre oreille fait pencher la société vers sa ruine ! (Elle sanglote, et, à part, en se détournant pour cacher sa douleur.) M. Roch serait content, cette fois !

Monsieur Varin des Ilots, cherchant à l’apaiser.

Paix là ! paix là ! (À part.) Où va-t-elle donc chercher ce qu’elle dit ?

Madame de Saint-Laurent, d’une voix creuse et frémissante.

Que la société se rassure ! (Mettant la main sur sa poitrine.) Je le sens ici… j’ai mon compte… je ne troublerai pas longtemps les familles !

Monsieur Varin des Ilots.

Un peu de courage, allons !

Madame de Saint-Laurent, arrachant ses bracelets.

Ce bracelet vient de lui (le jetant à terre), le voilà ! je n’en veux plus ! Ah ! ses bagues, tenez ! le collier… voilà son peigne ! oui, oui, tout ! (Elle a successivement tout retiré, arraché, et, se posant, échevelée, devant M. Varin des Ilots.) Suis-je maintenant assez nue pour que la société dorme tranquille ?

Elle est prise d’un spasme nerveux, chancelle tout à coup, et tombe, pâmée, sur la chaise, en face de M. Varin des Ilots.
Monsieur Varin des Ilots, très embarrassé et la soutenant.

Quelqu’un !… (Cherchant partout des yeux.) La sonnette ?… (Regardant Mme de Saint-Laurent.) Elle se trouve mal ! (Appelant.) Au secours ! (Cherchant encore du regard.) où diable a-t-on pendu cette sonnette ?… Si je pouvais la laisser